Cyclotouristes Randonneurs Cagnois

La pratique du cyclotourisme à Cagnes sur Mer

>>Cols rares

3 mai 2008
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Quelques Cyclotouristes Randonneurs Cagnois, dont votre serviteur, font également partie du Club des Cent Cols. Ce qui les conduit à « chasser les cols » dès que les circonstances s’y prêtent.

Je montais lentement le versant Est du passo della Novena, sans apercevoir un seul vélo ni en amont, ni dans les rares lacets d’aval, ni, encore plus surprenant en cette belle matinée d’août 2006, sans en croiser qui descendait. Puis ce n’est que presque de retour à Airolo, après bientôt trois heures de route, que j’ai enfin salué un compère, entamant l’ascension accompagné de son seul équipement de cyclocampeur.

Ni la date ni la météo, je viens de le dire, ne pouvaient expliquer cette désaffection. Côté géographie, l’on serait tenté de s’exclamer « au contraire ! » : le col de la Novena, ou Nufenenpass, ne se contente pas de relier les vallées du Rhône et du Ticino, c’est-à-dire, via le Pô, les bassins de la Méditerranée et de l’Adriatique, mais également les mondes germain et latin, Suisse alémanique et Suisse italienne, et il ravit pour quelques mètres au Grand Saint-Bernard le titre prestigieux de plus haut col routier du pays. L’état des lieux n’a rien de rebutant non plus : une belle route de montagne au revêtement tout à fait correct, des pourcentages respectables sans être décourageants, et une circulation automobile très supportable. Un paysage enfin, pas exceptionnel, mais suffisamment gratifiant pour l’altitude atteinte : les grandes Alpes, et d’intéressantes traces du passage de l’homme comme ces bornes frontières du Tessin et du Valais et un bar-restaurant !
Peut-être cette observation ne peut se généraliser, et la Novena figure-t-elle en bonne place au palmarès des cols franchis, mais j’ai l’intuition que non.
Car, deux jours plus tôt, j’ignorais son existence, ce n’est qu’en examinant la carte du retour à la maison que j’envisageai d’ajouter ce plus de 2000m à ma liste annuelle, et la veille il y avait foule sur les pentes du Saint-Gothard tout proche.

Cherchant des cas analogues, je me demandais : existerait-il, à côté des stars que nous avons escaladées au milieu d’une cohorte de cyclistes, ou que nous rêvons de monter un jour où l’autre, Galibier, Izoard, Tourmalet, Tempêtes ; et à côté de ces familiers non moins fréquentés, Vence, Faucille, Schlucht, République ; existerait-il des cols rares, comme en chimie on nomme les gaz rares, se cachant le plus souvent à l’abri d’un prestigieux voisin, et laissant aux seuls chasseurs attentifs ou aux excursionnistes distraits le droit de les conquérir ?

Attention : je ne pense pas ici au col muletier sur la crête à cent mètres du chemin, ni à ce col nouvellement indiqué et franchi par inadvertance sur la route d’un grand frère, mais à ces passages aujourd’hui délaissés, ou à ces beaux dénivelés à l’écart des grands axes.

D’autres exemples ? Le col du Sabot dans l’Oisans, 2100m s’il vous plaît, terrible cul-de-sac fraîchement goudronné, escaladé seul en août 2005, alors que la route de l’Alpe d’Huez frisait la congestion ; le col d’Andrion, premier géant de la Tinée, sur la route des Granges de la Brasque ; le col de la Moutière, non moins terrible variante de la Bonette, et gravi avec mes seuls compagnons ; le col de la Ligne, du nom du « mur de la peste » censé protéger le Comtat Venaissin du fléau marseillais, totalement délaissé un splendide jour de début septembre quand tout le monde roulait entre Murs et Gordes ; le Platzerwasel, considéré par beaucoup comme le plus dur des Vosges, et monté seul lui aussi en pleines vacances d’été.
D’autres méritent plus qu’un détour : le port de Beret, sublime belvédère toisant l’accès à la Bonaigua, et plus bas passage des Pyrénées centrales, mis en lumière par le Tour de France 2006 ; le col San Carlo qui, à 1951m, domine le Val d’Aoste, et qui, lorsque l’on vient de Bourg-Saint-Maurice, prolonge et pimente le plaisir du Petit Saint-Bernard ; le col de la Frache et sa route militaire toute neuve qui attaque la pente de front pour user les dernières forces épargnées par le Ventoux ; les baisses de Camp d’Argent et de Tueis, qui ouvrent le Turini sur le massif de l’Authion et ses fortifications, ultimes remparts du temps où l’Italie était une menace, et qu’il faut parcourir après avoir lu Le Désert des Tartares.
Cela existe aussi pour des pistes qui n’ont jamais été asphaltées, témoins d’autres époques : franchis eux aussi sans faire de rencontre aux heures de pointe des dimanches matins de septembre, le pas de l’Agrée, alternative stratégique à la route de Turin, en vue de Braus et de ses lacets où l’on se bouscule sur les traces de René Vietto, et les cols de Mairola et de la Barbenière, soit 1000m de dénivelée, qui servaient quand le Plateau de Dina était un grenier à blé du Comté de Nice.
Je terminerai par ceux qui trônent au milieu de nulle part (que leurs habitués me pardonnent) : col du Cheval Mort à 1454m au cœur de la Margeride, en Lozère ; col de Ferrière, flottant entre Jura et Vosges ; cols de la Madone, vers Thiéry, et de Saint-Léger, vers le bourg éponyme, modernes traits d’union avec des villages autrefois accessibles uniquement à flanc escarpé de montagne depuis la vallée ; baisse du Four enfin, bouton isolé sur la carte du Tanneron, dont la conquête, tant à l’aller qu’au retour, se mérite, et démangeant le chasseur de cols jusqu’à ce qu’il se décide à y aller, et à n’aller que là.

Bernard Langlade,
1er mai 2008


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Vos commentaires sur cet article

2 commentaires

  • bravo à cette confrérie des cent cols

    7 mai 2008 à 08h11, par thierry

    tout l’intérêt de la confrérie des cent cols se retrouve dans cette quête de nouveaux sommets, cette découverte incessante de nouvelles routes pentues afin de collectionner pacifiquement de nouveaux cols. Un bien bel outil de découverte de nouveaux horizons qui semble être particulièrement développé chez les Cyclotouristes Randonneurs Cagnois qui portent haut la notion de randonneurs.

  • randonnée cent cols

    7 mai 2008 à 15h25, par Jean-Max Reymond

    on pourra aussi parcourir avec beaucoup d’intérêt un des articles les plus consultés du site du CR Cagnes : le compte-rendu de la randonnée "interdite" organisée par Bernard Langlade sur le terrain militaire de Canjuers.

    > La randonnée "interdite" des cols de Canjuers : http://crcagnes.free.fr/spip/?La-ran (...)

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